Français, Polar/thriller français

Les fauves – Ingrid Desjours

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Mon premier livre de cette auteure, mais certainement pas le dernier ! Si j’ai mis du temps à découvrir la découvrir (mais il y en a tellement des bons auteurs!) je suis littéralement tombée amoureuse de son écriture et j’ai prévu de découvrir très rapidement le reste de sa bibliographie !

Je vous parle aujourd’hui du livre Les Fauves écrit par Ingrid Desjours, paru en 2015 aux Editions La Bête Noire, puis plus récemment chez Pocket.

L’histoire (4è de couv’)

Votre pire prédateur : Celui qui vous aura apprivoisé. 

« Torturez-la ! Violez-la ! Tuez-la ! »

À la tête d’une ONG luttant contre le recrutement de jeunes par l’État islamique, l’ambitieuse Haiko est devenue la cible d’une terrible fatwa.
Lorsqu’elle engage Lars comme garde du corps, le militaire tout juste revenu d’Afghanistan a un mauvais pressentiment. Sa cliente lui a-t-elle dit l’entière vérité sur ses activités ? Serait-ce la mission de trop pour cet ancien otage des talibans ?
Dans cet univers où règnent paranoïa et faux-semblants, Haiko et Lars se fascinent et se défient tels deux fauves prêts à se sauter à la gorge, sans jamais baisser leur garde.

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Lecture en eaux troubles

J’aime les lectures qui me sortent de ma zone de confort et bousculent mes attentes. J’aime être surprise parce que le livre prend un tournant que je n’avais pas imaginé à la lecture de la quatrième de couverture. J’aime quand l’auteur me retourne le cerveau parce qu’il joue avec moi comme avec un pantin désarticulé. Et si j’ai aimé Les Fauves, c’est pour toutes ces raisons.

On se questionne beaucoup durant les 448 pages de ce livre et une question revient sans cesse : qui manipule qui ? Est-ce Haiko qui manipule Lars et la presse ? Est-ce Lars qui manipule Haiko ? Ma seule certitude, c’est qu’Ingrid Desjours, elle, manipule très bien ses lecteurs ! L’auteure joue avec nos doutes, nous embrouille volontairement en créant des personnages ambivalents aux réactions tordues, tantôt on ressent de l’ampathie ou de la sympathie pour eux, parfois on se plaît à les détester, ils semblent avoir des choses à cacher si bien qu’on en vient à ne plus avoir confiance en eux et à douter de tout ce qu’ils font. J’aime quand les choses ne sont pas si simples qu’elles n’y paraissent et que l’auteur m’implique en me plaçant comme une sorte d’enquêteur externe, créant en moi l’envie d’analyser les comportements pour essayer de démêler le vrai du faux.

 

Parlons un peu du rythme

Si le début du livre est relativement mouvementé, et que l’intrigue se met en place rapidement, le rythme de l’action s’essouffle un peu et il ne se passe pas forcément grand-chose de transcendant dans une bonne partie du livre, dans le sens où il n’y a pas de rebondissements à chaque chapitre, ni forcément de faits très marquants. L’histoire suit son cours, point. Je vous vois venir, vous vous dites « s’il ne se passe pas grand-chose, c’est que le livre est ennuyeux». Et bien pas du tout ! Parce que pendant qu’il ne se passe pas grand-chose dans la vie des personnages, l’auteure en profite pour mettre en place une sorte d’histoire parallèle qui va beaucoup occuper l’esprit des lecteurs. L’intrigue n’est alors plus axée uniquement sur la menace terroriste que subit Haiko et sur sa protection rapprochée, on tend tout doucement à avoir de lourds soupçons à son sujet. De victime, elle devient suspecte, de celle à protéger elle en deviendrait presque celle à abattre, et l’intrigue poursuit ainsi son cours ainsi jusqu’au final… Explosif !

Autre points marquants de l’écriture de l’auteure : entre deux passages plus calmes, elle distille habilement quelques scènes choc qui, combinées à un suspens retentissant, créent un rythme et une tension narrative très intéressants. Certains lecteurs m’ont dit qu’il s’agissait d’un de ses livres les plus « soft »… Rien de tel pour me mettre l’eau à la bouche et éveiller mes plus bas instincts de lectrice barbare en me donnant envie de continuer à la découvrir!

Des problématiques actuelles

Bien qu’étant une fiction, ce livre nous amène malgré tout à une réflexion sur le terrorisme. L’auteure ajoute, en début de chaque nouvelle partie, des coupures de presse, des extraits d’articles ou de chansons qui tournent autour de ce thème et en lien avec les événements qui vont survenir, histoire d’immerger encore plus le lecteur dans la vie d’Haiko et de lui faire ressentir la terreur qui l’habite d’être la cible de fanatiques islamistes. L’auteur évoque également l’impact des réseaux sociaux sur les rumeurs qui se propagent en quelques heures et peuvent détruire une réputation et une vie.

Je dois vous avouer que j’ai vraiment apprécié que l’histoire ne soit pas focalisée uniquement sur l’aspect terroriste, parce que je sature de cette thématique dont on est inondé depuis plusieurs années dans les médias au gré des diverses attaques qui ont lieu régulièrement, et que ce n’est d’ailleurs pas forcément un sujet qui me branche dans mes lectures. Certes, l’ombre du terrorisme plane toujours, mais l’intrigue n’est pas exclusivement centrée dessus.

Le mot de la fin

Ça peut paraître un peu cliché comme ça : une belle femme sans défense qui engage un garde du corps pour la protéger. Oui mais oubliez tout ce que vous connaissez sur Bodyguard, parce qu’Ingrid Desjours est loin, très loin de ça !

J’ai eu le même ressenti en la lisant qu’en découvrant Claire Favan qui est mon auteure préférée : une écriture féminine mais incisive, tranchante, un sens de la profondeur comme seules les femmes auteures savent le faire, et n’y voyez aucun féminisme de ma part !  Je dois vous avouer que j’ai toujours peur de découvrir une nouvelle auteure parce que je reste traumatisée par certains livres estampillés thrillers mais qui débordent de sujets féminins dont j’ai horreur, des « thrillers » axés sur des histoires d’amour gnangnan sans fin qui me donnent l’impression de lire un vulgaire SOAP (je pense notamment à Camilla Lackberg). Et je suis vraiment heureuse de trouver des auteures comme Ingrid Desjours ou Claire Favan qui n’ont pas peur d’aborder des tabous, qui n’ont pas peur de nous proposer des scènes d’une violence extrême, et qui nous proposent des livres qui tabassent vraiment!

L’auteure nous prouve en plus que même s’il n’y a pas d’action à chaque page, il est possible d’être tendu à l’extrême par une atmosphère qui rend notre lecture enivrante.

Vous l’aurez compris, c’est un très grand coup de cœur que j’ai eu pour Les fauves. Et donc maintenant… Il me faut tout le reste de sa bibliographie ! Et vite !

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8 réflexions au sujet de “Les fauves – Ingrid Desjours”

  1. Oui, c’est ça. Ingrid est comme Claire. J’ai découvert les deux très récemment et je ne m’en lasse pas ! J’ai enfin réussi à avoir leur biblio intégrale et je n’ai plus qu’à trouver le temps et le moment de les sortir de ma grande PAL !

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