J’avais une crainte en commençant Un cri sous la glace de Camilla Grebe, c’était de me retrouver avec un thriller qui ressemblerait trop à ceux de sa compatriote suédoise Camilla Lackberg, que je déteste. Non mais enfin, je n’ai rien contre l’auteure en elle-même, simplement ses thrillers sont pour moi d’un ennui à mourir…
Les divers avis des blogueurs que je suis m’ont convaincue de me lancer, et force est de constater que même si elles viennent du même pays et ont presque le même prénom, le style des deux auteures est diamétralement différent et pour le coup, j’ai vraiment adhéré à celui-ci, moi qui suis une grande amatrice des thrillers nordiques!
L’histoire
Emma est une jeune vendeuse en prêt-à-porter qui mène une vie simple, assez solitaire, elle ne cotoie que peu de monde et n’a presque plus de famille. Elle a récemment repris ses études afin d’obtenir une équivalence au bac, plusieurs années après les avoir arrêtées. Son enfance et son adolescence ont été chaotiques : elle a été élevée au sein d’un foyer où l’alcool et les disputes familiales étaient la norme, son père s’est suicidé alors qu’elle était jeune, et sa mère a continué de sombrer. Depuis peu, elle fréquente secrètement un homme, Jesper, avec lequel elle mène une histoire d’amour charnelle et passionnelle, mais elle ne doit pas parler de cette relation pour l’instant car Jesper n’est autre que le grand directeur de la société pour laquelle elle travaille. La joie de la jeune femme est de courte durée, car son amant disparaitra soudainement, alors qu’elle l’attendait pour fêter leurs fiançailles, laissant la jeune femme dans un profond marasme.
Puis, c’est un cadavre qui est découvert au domicile de Jesper. Le corps d’une femme est retrouvé atrocement mutilé, la tête est séparée du reste du corps.
Qui est donc cette femme? Et surtout où est passé le propriétaire des lieux?
L’enquête est menée par l’équipe de Peter, rapidement rejointe par Hanne, une sorte de profileuse avec qui la police avait travaillé sur un meurtre similaire une dizaine d’années auparavant. Y-a-t-il un lien possible entre ces deux affaires ?
Ouahou, ouahou, ouahou !
J’ai trouvé l’écriture excellente, Camille Grebe a su disséminer un peu partout dans le récit une petite dose de suspens qui rend l’histoire terriblement crédible et prenante. Ajoutez à ça quelques révélations surprenantes qui vous laisseront bouche grande ouverte devant votre lecture au moment où vous ne vous y attendez pas du tout! Effet garanti ! Moi j’aime quand l’auteure me prend par la main pour me plonger gentiment dans l’histoire, et me surprendre au moment où je m’y attends le moins! Effet coup de fouet garanti !
Du coup, je ne me suis à aucun moment ennuyée, et bien que mon rythme de lecture se soit un peu ralenti ces derniers jours en raison d’une vie très active, je l’ai lu en un peu plus de 48h tellement j’avais envie de continuer.
Une histoire, trois points de vue
Le livre est en effet découpé en chapitres, où les différents points de vue se relayent. Nous vivons cette enquête en suivant Emma, Peter et Hanne, ce qui confère une sensation d’omniscience de la part du lecteur. Ce procédé nous permet également de suivre pas à pas les multiples stades des différentes enquêtes. Car si enquête policière il y a, il y a également enquête du côté d’Emma : la jeune femme a en effet décidé de faire la lumière sur la disparition de l’homme qu’elle aime, pour comprendre pourquoi il l’a abandonnée quelques jours après leurs fiançailles. C’est une véritable traque qui se met en place, et nous vivons à ses côtés des sentiments aussi divergents que forts, passant du stade de la surprise à un abattement total, poursuivant ensuite sur une certaine rage qui grandit et gronde en elle, la rage d’avoir été abandonnée et qui va se transformer enfin en désir de vengeance.
Ce qui fait que ce thriller est très particulier, c’est que derrière l’enquête policière, il y a également le côté très immersif dans la vie des personnages. Le lecteur est amené à explorer différents stades de leurs vies, par le biais de nombreux flash-back. C’est une véritable plongée dans le passé de ces trois personnes qui est proposée, quasiment à chaque chapitre, et cela confère une certaine sensibilité à l’écriture et provoque un attachement très fort du lecteur envers les personnages qui portent tous le poids d’un passé difficile… Ainsi, nous sommes en mesure de comprendre des réactions inappropriées de certains d’entre eux, ou des comportements fragiles, car si une chose est communes aux trois protagonistes, c’est qu’ils en ont tous sacrément bavé ! Le procédé de flash-back est un peu surprenant au départ car il n’y a aucune évocation de temps ni d’indication de lieu et on ne comprend pas forcément que l’auteure nous a embarqué dans le passé. Et puis au fil des chapitres, cela devient une habitude, et on sait qu’on va partir explorer leur vie ou leur enfance.
Il n’y a ici aucun « héros », Emma, Peter et Hanne sont tous traités sur un pied d’égalité par l’auteure, et ils m’ont tous marquée de part leur sensibilité exacerbée. Emma se dégage un peu du lot pour moi, elle est une jeune femme fracassée par la vie, elle n’a pas vraiment eu les bons bagages pour entrer dans la vie et elle est devenue adulte bien trop tôt. Plus on avance dans notre lecture, plus on espère qu’elle va trouver une issue positive à tout ça parce qu’elle a assez souffert. Il y a également le personnage d’Hanne que j’ai beaucoup apprécié, et qui nage en eau trouble en raison de la maladie qui la touche. Les traces de cette maladie sont mises en avant de manière très juste, l’auteure n’a pas cherché la surenchère ni à tomber dans le pathos, mais on ressent bien la souffrance de cette femme face à la maladie.
L’amour est ici au centre de toutes les relations, sauf que, il y a différentes sortes d’amour : l’amour qui fait mal, celui qui détruit, celui qui annihile, le possessif, le toxique… Toutes les relations des personnages avec leur entourage (Emma et ses parents, Emma et Jesper, Hanne et son mari, Peter et son fils, Peter et Hanne……) sont profondément complexes, et ils seront amenés à sortir de leur zone de confort et à bousculer leur vie actuelle afin de se libérer de ce fardeau qui pèse sur eux. Car non seulement le poids de ces relations toxiques pèse sur eux, mais en plus ils vivent tous ancrés dans le passé, n’arrivant pas à prendre du recul par rapport aux difficultés qu’ils ont pu éprouver. Ce passé leur colle à la peau, comme cette humidité hivernale qui entoure l’intrigue. Ils n’arrivent pas à s’en détacher, et ils sont en proie à un espèce de cafard permanent et n’ont de cesse de ressasser tout ce négatif.
Le mot de la fin
Derrière une histoire en apparence assez classique, Un cri sous la glace se révèle en fait être un thriller qui fait la part belle aux analyses psychologiques. C’est fait de manière subtile et on est la frontière ici avec le roman psychologique.
Il y a des livres qui vous manquent dès l’instant où vous terminez le dernier chapitre, c’est le cas de celui-ci.
Je recommande!
Super chronique qui me donne vraiment envie (je pars bientôt en Suède en plus !)
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Celui-ci m’attire beaucoup et je suis rassurée de savoir qu’il est bien différent de style de Camilla Läckberg parce que j’ai aussi du mal avec elle
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