C’est une chronique un peu particulière que je vais vous proposer aujourd’hui car je ne vais pas vous parler d’un thriller classique, mais d’un recueil de nouvelles, je ne ferais donc aucun résumé comme j’ai l’habitude de le faire.
4è de couverture :
Le mal sommeille en chacun de nous comme un fauve endormi qu’un tout petit rien pourrait réveiller, pour le pire. C’est cet éveil, ce jaillissement de sauvagerie, cette explosion de folie, ce moment de non-retour, que les six histoires du recueil mettent en scène. Sous vos yeux, des hommes et des femmes ordinaires vont perdre le contrôle et céder à leurs instincts primaires. L’alcool, la drogue, la maladie et même l’amour apparaissent alors comme autant de facteurs aggravants de leurs désordres internes. Chaque récit fait référence à une chanson de la scène rock française et en porte le titre. Tout à la fois la fois désespérée, acide, cynique et tendre, voici donc la bande-son de vos idées noires. Prenez garde, le Dysfonctionnement de l’être vous guette peut-être, vous aussi, à votre insu.
Présentation
Dysfonctionnement de l’être est donc un recueil de 6 nouvelles, paru récemment aux Editions Les indés. Son auteur, Gaylord Kemp, a tenu pendant plusieurs années un blog spécialisé dans la littérature noire. Il est également éditeur pour les Editions Aconitum, créateur du salon Nœud les Mines, et depuis quelques temps, il est passé de l’autre côté de la plume en publiant des livres pour la jeunesse. Cette fois, ce touche à tout et boulimique de littérature noire s’est penché sur le difficile exercice de la nouvelle.
Les nouvelles sont de tailles variables, certaines sont très courtes, d’autres, comme la dernière sont plus longues avec quelques dizaines de pages. Le tout est regroupé en moins de 130 pages, qui vous plongeront dans les noirceurs de l’âme humaine, et dans les bas-fonds et les dérives de l’esprit humain.
Une nouvelle, un thème, un univers différent, une déviance différente. Mis à part un des textes qui a retourné mes émotions de lectrice, ou plutôt de femme marquée par certains événements de sa vie, les autres sont une immersion dans les bas-fonds de l’esprit humain et dans toutes sortes de dérives, le tout mis en lumière par des personnages pervers et machiavéliques.
Un exercice réussi !
Comme je le disais en introduction, l’exercice de la nouvelle est réputé pour être difficile et bien des auteurs ne s’y frotteraient pas, au risque de se piquer ! Gaylord maîtrise ici parfaitement le schéma narratif de la nouvelle, enroulant son récit autour du squelette complexe qui constitue la base de ce genre littéraire.
Il implante la situation initiale en présentant très succinctement et rapidement les personnages et les lieux, passe ensuite aux éléments perturbateurs qui vont marquer une rupture, en faisant basculer les protagonistes; il n’oublie pas les péripéties, qui entraînent une évolution psychologique au niveau du personnage principal, et voilà que c’est déjà le moment de la chute, à chaque fois… retentissante ! Même s’il n’y a rien de nouveaux dans les histoires mises en place, l’auteur conduira de manière subtile les événements jusqu’au dénouement, qui est à chaque fois sidérant pour le lecteur, car il ajoute de l’intensité à notre lecture en nous laissant souvent ahuri par la conclusion de l’histoire. C’est là, tout l’art de la maîtrise de la nouvelle : réussir à créer une atmosphère en l’espace de quelques pages seulement tout en se contentant du minimum pour présenter ses personnages, éviter les descriptions de lieux inutiles.
L’écriture est de belle qualité, et le ton d’écriture varie pour s’adapter parfaitement à chaque contexte et à chaque personnage. Le superflu est laissé de côté, afin de laisser place à l’essentiel : la simplicité, l’utilisation du mot juste, le rythme et la fluidité de l’écriture.
Par ailleurs, j’ai apprécié que chaque nouvelle soit précédée de paroles de chansons, ça confère une certaine musicalité au livre. Les lecteurs qui aiment lire en musique apprécieront!
Le mot de la fin
Je ne suis pas forcément très axée sur la lecture de recueil de nouvelles, tout simplement parce que je n’ai pas l’habitude de m’intéresser à ce genre. Ma lecture de Dysfonctionnement de l’être m’a permis de redécouvrir un genre que j’avais mis aux oubliettes. J’ai apprécié la brièveté de cette lecture car elle m’a permis aussi de faire une pause entre deux lectures plus conséquentes, comme une sorte de récréation en fait.
Voilà une bonne mise en bouche pour, peut-être un jour, un futur thriller ? J’espère que Gaylord Kemp n’en restera pas là avec l’écriture, parce que la plume est accrocheuse et que le petit aperçu que nous avons eu là nous donne envie de poursuivre notre découverte de ce jeune auteur!
Je remercie par ailleurs chaleureusement Gaylord pour l’envoi de ce livre, livre qui a dû faire 3 fois le tour de la terre avant d’enfin arriver chez moi, après moult péripéties 🙂
On va donc dire merci à Gaylord pour t’avoir redonné goût aux nouvelles ;-). C’est un genre qui mérite davantage de considération
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