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Mör – Johana Gustawsson

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Je n’avais aucun doute en commençant ma lecture de Mör, le deuxième livre de Johana Gustawsson. Après le très remarqué Block 46, traduit à ce jour dans plus de 15 pays, la plus british des auteures françaises nous sert ici un ouvrage très abouti qui a littéralement conquis ses premiers lecteurs. Et… Je n’échappe pas à la règle !

Are you ready ? Let’s go to London !

 

L’histoire

Suède, 2015 : un cadavre dépecé de femme est retrouvé sur les rives d’un lac. La victime a subi d’atroces blessures, un morceau de chaque partie qui constitue l’essence même de la femme a été prélevé : ses seins, de certaines parties de ses cuisses et de ses hanches.

Londres, lendemain matin : une célèbre actrice qui devait se rendre une émission matinale disparaît. Elle s’appelle Julianne Bell. Ses chaussures seront retrouvées non loin de son domicile, emballées dans un sac de congélation.

Ce détail intrigue les enquêteurs et leur rappelle une affaire bien particulière qui s’est déroulée quelques années en arrière. Le seul problème, c’est que l’assassin, Richard Hemfiel, est enfermé à perpétuité dans une unité psychiatrique. Il a été enfermée il y a plusieurs années suite à son inculpation pour les meurtres de 6 personnes, dont le compagnon de l’auteure Alexis Castells.

Alors, copycat? Ou est-ce que le vrai meurtrier court toujours?

La griffe de Johana Gustawsson

Bien que différent de son premier opus au niveau de l’intrigue, on retrouve ici divers éléments d’écriture similaires à Block 46, qui enracinent le style de l’auteure dans l’univers du thriller.

La première consiste à positionner ses histoires entre Londres et la Suède, ceci étant le résultat d’une vie empreinte du multiculturalisme qui la caractérise : elle est française, mariée à un suédois, et ils vivent à Londres ! C’est donc tout naturellement qu’elle nous balade entre ces deux pays, et qu’elle arrive à créer une atmosphère dans ses romans, grâce à de nombreux détails géographiques qui nous permettent de nous situer et nous donnent l’impression de parcourir les lieux décrits en même temps que les personnages. Moi qui suis hyper sensible à ce niveau et avec mon virus du voyage, je peux vous assurer que j’étais à un doigt de reprendre des billets d’avion pour Londres tant j’ai eu envie d’y retourner! Bon j’éviterai peut-être le quartier craignos de Whitechapel du coup 🙂  L’auteure développe également la culture suédoise lors de chapitres qui se déroulent à Falkenberg, décrivant dans les passages qui se déroulent là-bas ce qui constitue par exemple leurs traditions culinaires.

La seconde consiste à des flash-backs réguliers. C’était déjà le cas dans Block 46, où une partie de l’intrigue se déroulait durant la Seconde Guerre Mondiale; ici dans Mör, elle remonte encore plus loin en axant une partie de son récit sur le XIXè siècle et plus particulièrement dans le quartier de Whitechapel où Jack l’Eventreur a sévi.

Quel lien entre ces deux périodes ? Entre tous ces personnages et nombreux chemins de vie que nous suivons à travers notre récit ?

D’ailleurs au sujet des personnages, parlons-en ! Nombreux dès le début, j’ai parfois été un chouia perdue face à leur nombre important, d’autant plus qu’on alterne régulièrement des chapitres entre deux pays différents (mais qui pour le coup se déroulent à notre époque) mais qu’en plus on alterne aussi deux époques différentes à Londres ! Vous me suivez? Non mais, quand même, je me demande comment un auteur peut mettre en place quelque chose d’aussi complexe que ça et aboutir à une conclusion finale de manière naturelle sans qu’il y ait d’incohérences ou de zones d’ombres… Nous sommes bien dans un thriller complexe, où Johana a tissé sa toile autour d’une intrigue parfaitement ficelée…

 Les personnages principaux sont relativement peu nombreux, et ceux qui forment le noyau dur de l’enquête sont bien détaillés sur le plan psychologique. Nous en retrouvons certains rencontrés lors du premier opus, et j’ai énormément apprécié ça parce que ça constitue, je pense –et je l’espère!- le début d’une série. J’ai tendance à m’attacher très souvent aux personnages et à aimer les voir évoluer, c’est parfois un crève cœur de refermer un livre et de me dire que je ne les retrouverai plus…

La troisième  élément qui fait le style de l’auteure, consiste à reprendre le prologue en fin de livre, à quelques pages de la fin. La boucle est bouclée, les fils se démêlent et on commence à voir venir le dénouement…

Ah ouais, t’as vu venir le dénouement Anaïs, t’es sûre?

Un camion lancé à pleine allure dans ma tête de lectrice… Si je m’attendais à ça! Je reste encore choquée plusieurs jours après avoir terminé ma lecture, par cette fin complètement inenvisageable! Jamais, à aucun moment je n’ai soupçonné quoi que ce soit, c’est bien joué parce que même en revenant sur quelques chapitres du livre histoire de voir si je n’avais pas loupé un truc, je me suis rendue compte que rien ne laissait envisager une fin pareille !

Une lecture immersive !

Et ce qu’elle aime par dessus tout Mrs Gustawsson, c’est nous servir des scènes de crimes bien dégueu et des cadavres bien abimés sans toutefois tomber dans une surenchère de gore qui pourraient heurter la sensibilité des lecteurs les plus sensibles. Certes, on n’est pas épargné par quelques détails morbides; certes, les victimes vivent un sacré cauchemar avant d’être abattues. Mais c’est écrit de manière subtile et elle réussit à trouver le juste équilibre afin de satisfaire tout le monde, les lecteurs(trices) barbares comme moi, et les lecteurs plus sensibles. Le thème du cannibalisme est également présent dans le livre… C’est un thème qui a tendance à me faire remonter l’estomac dans la gorge tant ça m’écœure, moi qui n’aime déjà pas la viande… alors la viande humaine… D’ailleurs, Mör, le titre du livre, signifie « tendre » quand on parle d’un morceau de viande 🙂

Le récit est écrit à la troisième personne, le style d’écriture est sobre et on se laisse glisser entre les lignes. Jusqu’à certains chapitres, où l’auteure nous propulse dans une pièce fermée, une pièce sale, sombre, où nous accompagnons Julianne dans sa captivité, en proie à un profond sentiment de terreur. Là, on est à la première personne du singulier, et c’est écrit en italique, pour bien trancher avec le reste du récit. C’est immersif, on vit ce cauchemar à ses côtés, on se impuissant parce qu’on aurait envie de l’aider et qu’indéniablement, on a peur pour elle, et ça nous donne encore plus la rage de continuer notre lecture pour démêler les fils de l’histoire et savoir ce qu’il adviendra de cette pauvre femme.

Le mot de la fin

Je remercie infiniment Lilas, Johana, et les Editions Bragelonne dans leur ensemble pour l’envoi de ce livre en avant première. J’ai arrêté la lecture de mon livre en cours pour jeter mon dévolu dessus, tant j’avais envie de le découvrir. Ma lecture a dépassé mes espérances, c’est abouti, encore plus travaillé que Block 46 qui était déjà un sacré bon bouquin. Johana Gustawsson confirme pour moi sa place dans les auteurs à suivre de très près et qui sont voués à devenir de grands noms du thriller. En deux ouvrages, elle a réussi à s’imposer dans l’univers impitoyable des auteurs à succès, preuve en est, son premier opus est traduit dans près de 15 pays! Ajoutez à ça qu’elle est une personnalité discrète, ouverte à ses lecteurs, et profondément humaine et humble !

Je remercie également du plus profond du cœur Johana qui m’a citée dans les remerciements de ce livre, j’ai été vraiment très touchée par ce geste.
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A découvrir sans tarder! ça sort demain, 15 mars, dans toutes les bonnes librairies !

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4 réflexions au sujet de “Mör – Johana Gustawsson”

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