Coup de coeur

Toxique – Niko Tackian

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J’avais le souvenir d’avoir particulièrement aimé le premier livre que j’ai découvert de Niko Tackian, La nuit n’est jamais complète, et l’accroche de Ian Manook en couverture « Un polar puissant! » me laissait présager un retour aux sources pour moi, car ce genre de livre est ce que je préfère par dessous tout : le polar, le vrai, avec une équipe de flics qu’on suit à travers une enquête. Commencé samedi matin à l’aube, terminé avant midi, je l’ai lu d’une traite, ça vous laisse un peu imaginer mon degré d’appréciation. Tout juste paru aux Editions Calmann Levy, je vais vous parler du dernier né de Niko Tackian, Toxique. Préparez votre liste à acheter, c’est un  sacré bon polar!

L’histoire

Alors qu’un climat particulier a envahi la France depuis les attentats de novembre 2015, deux mois plus tôt, la Crime est sur les dents, en cette période post traumatique. Ils sont appelé dans une école maternelle, la Directrice a été découverte sans vie, son corps porte les stigmates de ce qui ressemble à un étranglement. Personne n’a rien vu, et d’ailleurs personne ne comprend qui a bien pu en vouloir à cette femme sans histoire. Un suspect est toutefois rapidement identifié, l’affaire semble simple et devrait être bouclée en moins de 24h. C’était sans compter sur le flair d’un des meilleurs flics du fameux 36 Quai des Orfèvres, Tomar Khan. Il est persuadé qu’ils passent à côté de quelque chose, et contre l’avis de son équipe, il continue de creuser d’autres pistes, qui le ramèneront vers une personne loin de tout soupçon, relativement transparente et à priori sans histoire. Il fera équipe avec la jeune Rhonda, qui devrait faire sa place et ses preuves dans le milieu masculin très fermé du 36.

A mi-chemin entre un polar classique et un thriller psychologique…

Après plusieurs lectures de thrillers relativement décalés, j’ai particulièrement apprécié de me retrouver dans un polar classique, avec son lot de flics désabusés, marqués par les épreuves d’un passé difficile, avec la p’tite jeune qui veut faire son trou parmi une équipe de mâles dominants et déjà installés depuis longtemps dans leur métier… L’avantage de ce genre de livre c’est que l’auteur nous prend par la main dès le début et nous guide, nous mène sur des fausses pistes, de nouveaux indices, nous sommes au cœur de l’enquête, nous la vivons et on se sent investi comme si notre mission était d’aider les personnes à démêler les fils de cette enquête. On n’a pas besoin de beaucoup réfléchir, ça glisse tout seul, les pages s’enchaînent à un rythme effréné…

L’auteur est scénariste et réalisateur, et cette expérience lui a permis de construire, au niveau littéraire cette fois, des personnages complexes, relativement développés, assez du moins pour créer avec le lecteur un lien particulier. J’apprécie vraiment le fait d’entrer en cohésion avec les personnages, de m’imaginer à leur côté, de me sentir proche d’eux, parce que cela apporte un côté réaliste à notre lecture. L’équipe de flics est une sorte de petite famille, chacun avec ses particularités, on apprend à les connaître, certains individuellement, d’autres évoluant au sein du groupe. Et c’est quand je referme la dernière page d’un livre, en me rendant compte que les personnages me manquent, que je me dis que l’auteur a réussi à captiver mon attention au point de me donner l’impression de faire partie intégrante de l’histoire.

L’assassin est rapidement dévoilé au lecteur, l’action du livre se focalisera d’une part sur l’enquête de police, d’autre part sur sa personnalité, sur ses blessures et ce qui l’a conduit à devenir le sociopathe qu’il est aujourd’hui. Nous abordons ici le thème de la manipulation, de la personne toxique, thème qui m’est cher parce qu’il raisonne particulièrement en moi.

Nous faisons en effet la connaissance d’une personne à priori banale, bien sous tout rapport, menant une vie calme, sans histoire ni accrocs. Sauf que derrière cette réalité, se cache une personnalité marquée à vie par le traumatisme d’un passé difficile, et devenue sociopathe en puissance, totalement dépouillée d’empathie et dénuée de remords. Elle ne vit que par sa souffrance et la volonté qu’elle a de trouver un substitut pour essayer de surmonter cette cicatrice indélébile qui la pousse à des actes irraisonnés alors qu’elle est convaincue de faire le bien et de venir en aide à « ses petits anges ». Là où Niko Tackian a fait fort, c’est qu’il a réussi à nous dépeindre des personnages d’un profond réalisme, c’est savamment dosé, il ne tombe à aucun moment dans l’excès de caricature, ça pourrait être nous la victime, et le bourreau pourrait être notre conjoint, notre voisin… Passé l’écœurement que le meurtrier suscite en nous, plus on apprend à le connaître, plus on lui pardonnerait (presque) ses déviances.

Je ne peux d’ailleurs pas m’empêcher de faire un certain parallèle avec l’enquêteur, Tomar. Lui aussi, finalement, il en a des déviances, de sacrées déviances même pour un flic ! Des mensonges, des arrangements, des actes qui sont comme une ombre au tableau de cet excellent flic… Tout ça pour protéger ceux qu’il aime… Il est une personnalité complexe, de par son sang froid et son tempérament, son côté borderline mais également profondément humain grâce à une certaine fragilité qu’il a en lui, en font un personnage particulièrement charismatique.

 

Le mot de la fin

On apprend, à la lecture de ce livre, qu’une personne sur 25 pourrait être une manipulatrice, une personne toxique. A notre petite échelle sociale, d’amis, collègues, famille… Ça en fait du monde !

J’ai énormément apprécié que l’auteur se soit joué de nous, en nous proposant d’abord un polar classique, qui a peu a peu dévié vers quelque chose de plus psychologique. C’est écrit d’une main de maître, c’est vachement bon, et c’est mon premier coup de cœur de l’année ! Et j’espère vraiment retrouver ces mêmes personnages dans de prochains livres de l’auteur !

 

 

 

 

 

 

7 réflexions au sujet de “Toxique – Niko Tackian”

  1. Je viens tout juste de le finir, quelques heures à peine …
    Entièrement d’accord avec ta critique complète et objective, Anaïs, il n’y a rien à ajouter.
    C’est bon, retors à souhait, dans l’air du temps, du très bon polar et thriller en même temps.
    Bravo à Niko Tackian.

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