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Majestic Murder – Armelle Carbonel

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Ma première pensée après avoir refermé la dernière page de ce livre, a été « mais qu’est-ce que je vais bien pouvoir vous raconter au sujet de ce livre? ».

L’auteure m’avait prévenue, Majestic Murder est un livre complètement différent de Criminal Loft, son premier ouvrage paru et au succès retentissant, que j’avais beaucoup apprécié, mais je ne m’attendais pas à ce que ça soit différent à ce point-là! Ah les amis, si vous voulez quelque chose « qui change« , vous allez être servis! Parce que ce second opus n’est pas seulement différent de Criminal Loft, il est différent de tout ce que vous avez pu lire un jour comme un thriller, rien que ça!

L’histoire

Nous faisons la rencontre de Lilian, jeune paumée en mal de gloire et qui rêve d’être une actrice renommée. Au détour d’un squat qu’elle occupe, elle fera la rencontre de Seamus, avec qui elle s’enfuira pour participer à une audition avec pour objectif de décrocher le rôle principal d’une pièce de théâtre qui se produira dans un théâtre abandonné appelé le Majestic. La jeune femme décrochera le rôle principal et commencera alors un long apprentissage. Nous serons plongés dans un huis-clos où nous côtoierons des personnages aussi frappés les uns que les autres, avec pour point d’orgue un personnage tiraillé par la voix qu’il entend dans sa tête, La Tentatrice, et qui le pousse au Mal, un metteur en scène, Allan, aux méthodes d’apprentissage particulièrement inquiétantes, et un enfant muet répondant au doux prénom de Noname (No-Name).

Vous êtes prêts? Les trois coups de bâton du brigadier viennent de sonner le début d’un incroyable thriller !

Au secours, je suis chez les fous!

Je veux sortir et m’échapper de ce théâtre de cinglés! J’étouffe de l’atmosphère de ce huis-clos lugubre, je ne sais pas comment sortir, je ressens une sorte de fascination durant ma lecture, j’ai l’impression d’être prisonnière d’elle et d’être moi aussi enfermée dans ce lieu si particulier. Je suis parfois obligée de relire certains passages parce que c’est complètement décalé et que ça sort des sentiers battus.

Je suis dans un théâtre, et l’auteure brouille les pistes et bouscule mes habitudes de lecture en mêlant deux genres littéraires distincts, le genre théâtral et le romanesque. Les chapitres deviennent des scènes, mais ici, point de didascalies, de répliques ou de noms en majuscules cités en début de ligne. Le livre est écrit à la manière d’un thriller classique (ai-je osé utiliser le mot classique dans ma chronique de Majestic Murder?!). Il y a en effet une histoire de fond, qui me donne l’impression d’être un des personnages de la série American Horror Story tant la situation et l’atmosphère sont décalées et glauques. Mais je me suis attachée particulièrement à l’excellent niveau d’écriture dont a fait preuve l’auteure pour écrire ce livre. Le langage est soutenu sans pour autant tomber dans un jargon compliqué et inaccessible, il y a un très gros travail sur l’esthétique des mots choisis, sur l’écriture qui est ici une sorte d’œuvre d’art. Armelle Carbonel joue avec les mots, les figures de style, les termes sont choisis, l’écriture se veut nerveuse et me fait parfois penser à un pot pourri, dans le sens d’un mélange hétéroclite de choses diverses. Je ne suis pas dans un thriller classique qui nous raconte une histoire glauque, je suis dans de la littérature, la vraie, où la mise en forme prime sur le contenu.

Je reprends mon souffle pendant l’entracte, car après plusieurs scènes, j’ai droit à un entracte pour reprendre pied avec la réalité. Ces entractes me font rencontrer le Lieutenant Ligier, je me demande bien quel peut être le lien entre lui et la troupe, parce que forcément il y aura un lien. Quelques pages de répit où je retrouve le monde réel et me voilà à nouveau enfermée dans le huis-clos du Majestic. Je renoue avec cet environnement morbide qui me glace et me colle à la peau…

Le mot de la fin

Tout est travaillé, tout se tient, tout est lié, et c’est parfois un sacré beau bordel ! Le travail d’écriture autour du huis-clos est difficile parce qu’il faut réussir à capter le lecteur assez longtemps pour ne pas qu’il tourne en rond durant sa lecture. S’il y a bien un sentiment que je n’ai pas eu, c’était celui de l’ennui, parce les rares moments où Armelle m’a laissée respirer, je me suis rendue compte que j’étais finalement pressée d’y retourner, dans ce théâtre.

Je ressors de cette lecture avec l’impression d’avoir passé quelques heures dans une exosphère, loin, très loin de tout ce que j’ai pu lire jusqu’à présent, grâce à la plume experte de celle qui mérite plus que jamais son surnom de Necromancière.

Un grand bravo pour ce livre inhabituel qui bouscule les codes du genre « thriller ».

Je remercie par ailleurs les Editions Fleur Sauvage et David Lecomte pour la confiance qu’ils m’ont accordée et pour m’avoir permis de découvrir ce roman.

 

 

 

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