C’est un peu grâce à ma copinaute et blogueuse Lilie que j’ai décidé de lire mon premier René Manzor. Elle m’avait dit récemment qu’elle était une vraie fan de cet auteur, et bien que j’en avais déjà entendu parler sur les réseaux sociaux littéraires, je n’avais pas encore pris le temps de le découvrir.
Je vous parle aujourd’hui du dernier né de René Manzor, Dans les brunes du mal, paru en 2016 aux Editions Calmann-Lévy.
L’histoire
Tom est enlevé alors qu’il rentre, accompagné de sa mère, au domicile familial après une journée d’école. Sa mère sera retrouvée morte, dans le jardin, quelques heures plus tard. Il ne s’agit pas une mort banale, non, car la mise en scène ressemble à celle d’un rite vaudou, elle est violente, barbare, pleine de symboles. Le père quant à lui, est retrouvé attaché et bâillonné à l’intérieur de la maison. Il a tout entendu, les hurlements de sa femme, le chuchotement de l’Ombre qui a enlevé son petit Tom, sans pouvoir bouger, sans pouvoir intervenir et venir en aide à sa famille. La police est saisie de l’enquête, mais c’est sa sœur, Dahlia, qu’il va appeler à la rescousse. Elle est une agente du FBI à New-York, et elle a fuit la Caroline du Sud et par la même occasion sa famille et son passé, il y a 23 ans de ça. Deux décennies sans contact, sans rencontres… Touchée par la douleur de son frère, elle retournera dans cet Etat qu’elle a quitté un jour en pensant ne jamais y revenir. Elle retrouvera sur place Nathan, le policier en charge de l’enquête. En plus de jouir d’une excellente réputation dans sa profession, il est aussi un ancien ami de Dahlia, camarade de galère plutôt qu’ami en fait… On découvre au fil de notre lecture et de leur enquête les événements difficiles qu’ils ont dû affronter plus jeune, et qu’ils pensaient enterrés depuis bien longtemps…
Un enfant disparaît, sa mère tuée, banal scénario pour un thriller caricatural ?
Pas vraiment, non! Pas du tout même! Ok, on retrouve les éléments classiques qui font d’un thriller un bon thriller, l’auteur n’oublie rien : des meurtres énigmatiques, des enlèvements, des non-dits, des personnages qui traînent les résidus d’un passé difficile qu’ils avaient préféré mettre de côté et qui font les adultes qu’ils sont aujourd’hui, des histoires de drogues, de pédophilie… Tout ça, on connaît !
Mais le véritable talent d’un auteur réside dans ce qu’il va faire de cette histoire à priori « banale » pour les lecteurs de thrillers compulsifs que nous sommes et qui avons lus une bonne grosse pile de bouquins qui traitent de ces sujets particulièrement difficiles. Ici, René Manzor utilise son expérience de scénariste avec brio pour tisser sa toile et nous y enfermer, nous lecteurs, dans cette ambiance écrasante, oppressante comme la chaleur moite qui envahit les marais de Caroline du Sud. Il nous plonge dans cet Etat des Etats-Unis qu’il décrit de manière très imaginée, on s’y verrait presque dans les marais remplis d’alligators, on sentirait presque l’odeur des cadavres ! Intensité aussi dans les descriptions de lieux, de situations et de sentiments, on se sent submergé en même temps que les personnages par des émotions trop difficiles à contenir… Parce qu’on se sent impliqué finalement dans cette histoire où on s’est attaché aux personnages, des personnages vrais, qui transpirent de réalisme, avec leurs forces, leurs faiblesses et leurs blessures. Et finalement quand se dévoile la vérité, on sera surpris de constater que finalement, malgré la barbarie des crimes, on donnerait presque des circonstances atténuantes à l’assassin…
Le mot de la fin
C’est une lecture intense qui s’achève pour moi, j’ai eu du mal à le poser tant j’ai été prise dans le tourbillon de cette intrigue ficelée au millimètre. Force est de constater que maintenant, il me faut d’urgence les deux autres livres de l’auteur !