Français, Jacques Expert, Polar/thriller français, psychologique

La femme du monstre – Jacques Expert

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Je vois beaucoup passer, ces derniers temps, sur les groupes Facebook dont je fais partie, des commentaires sur Hortense de Jacques Expert. J’ai décidé de m’intéresser à cet auteur que je n’avais encore jamais lu. Et comme je n’aime pas lire la même chose en même temps que tout le monde, j’ai pioché dans un de ses livres parus il y a plusieurs années.

L’histoire

La femme du monstre, c’est l’histoire d’un procès, celui de Simon, quarantenaire, marié et père de deux enfants, il est commercial. Son épouse est mère au foyer et ils vivent correctement grâce au salaire de Simon. Famille assez classique me direz-vous. Sauf que derrière la petite couche de dorure, si on gratte un peu, on s’aperçoit que tout ce qui brille n’est pas or. Simon est arrêté tôt un matin, à son domicile. Les policiers chargés de l’amener au commissariat restent assez évasifs sur les motifs de ce réveil matinal. Ils lui expliquent que le corps de la jeune adolescente que tout le village cherchait a été retrouvé et qu’ils ont besoin de sa déposition étant donné son implication importante dans les recherches. Sauf que ce qu’ils ne lui disent pas, c’est qu’ils savent, suite à une dénonciation anonyme, que c’est lui qui a tué, avec une grande sauvagerie, cette jeune femme… Ce qu’ils ne lui disent pas non plus, c’est qu’ils le soupçonnent de plusieurs meurtres, à travers la France, tous perpétrés contre des femmes, tous perpétrés d’une manière particulièrement sauvage… L’attention va alors se focaliser sur Mme Darget, celle qui est devenue sa femme alors qu’elle n’avait que 22 ans et qui n’a connu que lui, pour le meilleur, et surtout pour le pire…

Du statut de victime à celui de complice présumée…

Nous suivrons donc, à travers les 224 pages de ce livre, le procès de Simon. On comprendra dès les premières pages non seulement que c’est son épouse qui a donné l’alerte aux policiers, mais aussi qu’il est coupable des faits qui lui sont reprochés.

Les épisodes de digression sont nombreux, elle nous racontera dans les détails sa vie de couple, difficile, mais qui l’a satisfaisait pleinement (soit parce qu’elle n’a connu que ça, soit parce qu’elle est complètement maso, j’hésite encore!). Elle est fière de sa famille, fière qu’un homme aussi beau et bien que lui ait pu s’intéresser un jour à la petite jeune femme timide sans expérience qu’elle était.

Elle subira tous les outrages : ça commence à la nuit de noce, la scène est particulièrement brutale même si elle n’est pas très longue, s’en suivent les nombreuses violences et déviances sexuelles de son mari qui refuse de la pénétrer, de « l’honorer en tant que femme » comme elle le dit, la violence sexuelle et verbale (jamais physique par contre) qu’il a envers elle, la traitant de « salope » régulièrement, ses multiples absences et silences sous couvert de son emploi de commercial, le fait qu’il rentre avec le parfum d’une autre, un « parfum bas de gamme« , sur lui, qu’il rentre aussi les vêtements tâchés de sang, les nombreux déménagements, sur un coup de tête, où elle devra s’occuper de tout car « elle n’a que ça à foutre« , ses insultes… Elle raconte les choses comme elles sont, elle a parfois honte de nous raconter, à nous qu’elle vouvoie et à qui elle s’adresse comme si nous faisions partie du jury, certains épisodes de son existence… Elle détaille tout scrupuleusement, ses sentiments, le prix de ses achats, les violences sexuelles qu’elle subi et qui sont la norme pour elle.

Elle s’évertuera d’être une bonne épouse, femme au foyer, soumise aux caprices de Monsieur, qui ne pose jamais de question, qui tient bien sa maison, qui nourrit bien son homme quand il daigne rentrer du travail entre deux agressions, qui nettoie bien sa maison et qui se cultive en regardant le journal de PPDA et Chazal, ses deux idoles, ou en lisant VSD. Si je dis qu’elle se cultive de cette manière, c’est qu’elle a vraiment l’impression que tous ces médias lui servent de la culture. Elle prend pour argent comptant tout ce qu’elle voit à la télé, on ressent qu’elle est heureuse, lorsque, pendant le procès, les médias la mettent au centre de l’attention et parlent des Darget à des heures de grande écoute. Et ce qu’elle essaiera de prouver à travers ce véritable plaidoyer, c’est qu’elle est innocente et totalement étrangère des agissements de son mari. J’ai ressenti envers elle de la compassion, qui s’est transformée petit à petit en doute.

On se demande au bout d’un moment si, devant un tel acharnement à vouloir nous prouver son innocence, elle n’essaie pas de cacher sa vraie responsabilité, et si elle le récit de ce procès n’est pas simplement un plaidoyer pour prouver . Parce qu’elle se rend compte de certaines choses durant sa vie avec Simon : les viols qui se multiplient dans les secteurs où ils vivent, les nombreux déménagements imprévus quand Simon sent que les choses commencent à mal tourner pour lui, les vêtements tâchés de sang…

Elle dit à plusieurs reprises qu’elle le déteste, durant le procès, mais le déteste-t-elle pour les atrocités qu’il a commises ou pour ce qu’il lui a fait à elle, en la propulsant au centre de la place publique, elle qui est si discrète et qui veille tant à sauvegarder les apparences… Je ressens derrière sa candeur une grande capacité à la manipulation, et je reste persuadée qu’elle n’est pas la victime vous veut nous faire croire…

 

Question de style

La femme du monstre est le premier livre de Jacques Expert que je lis. Ce que je constate, c’est la multiplicité des détails qui sont donnés dans la totalité du livre. J’ai eu le sentiment d’être omnisciente, et de faire en même temps dans le voyeurisme vu certaines situations. J’ai ressenti, durant ma lecture, un profond malaise, que seuls les bons thrillers psychologiques savent me donner. Le sentiment de malaise a été très fort durant les scènes sexuelles qui sont particulièrement crues, froides et le fait que je sois une femme m’a projeté dans l’enfer de ce qu’une épouse est capable de vivre avec un détraqué…

L’écriture de Jacques Expert est simple et j’ai eu du mal à me détacher de ce livre avant la dernière page. Le fait que l’épouse soit le narrateur sujet m’a beaucoup aidé à rentrer dans le livre car j’avais parfois l’impression de faire partie de l’histoire, et parfois j’avais l’impression d’être comme un membre du jury, ou un psy, à qui elle se confierait.

 

Le mot de la fin

J’ai beaucoup accroché à ce livre dans sa globalité, et le thème restera longtemps ancré en moi car nous n’avons pas l’habitude de lire des livres qui abordent le point de vue des conjoints d’assassins. L’histoire fait écho, pour moi, à l’affaire de Michel Fournier et Michelle Olivier, son épouse, qui aura un rôle central dans les enlèvements, les viols et les assassinats des fillettes.

Je recommande !

 

 

4 réflexions au sujet de “La femme du monstre – Jacques Expert”

  1. J’ai adoré ce bouquin.
    J’ai connu l’auteur avec Tu me plais, que je te conseille d’ailleurs, il est pas bien épais et se lit en 1 journée (je peux te l’envoyer si tu veux). Chaque livre l’auteur arrive à faire quelque chose de différent et c’est ce que j’aime chez lui.
    Bisous ma chérie

    J’aime

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