Une de mes copinautes (Julie-Anne si tu me lis!) s’étonnait récemment du fait que j’appréciais beaucoup les thrillers d’Alexis Aubenque, moi qui suis une lectrice amatrice de thrillers très violents voire barbares… Ce que j’aime avec les livres de cet auteur, c’est qu’à chaque fois j’en ouvre un nouveau, j’éprouve une étrange sensation de retour aux fondamentaux, un peu comme quand je rentre chez moi au calme entre deux voyages. Ça fait juste du bien, ça permet de souffler un peu, et de passer à autre chose… Du coup, je me suis gardée quelques livres d’Alexis Aubenque sous le coude pour les périodes de dépressions littéraires, et à chaque fois, ils réussissent à me remettre d’aplomb et j’arrive à passer à autre chose.
Pour le bien des enfants est le deuxième tome de la série Nuits Noires à Seattle, je vous conseille de lire le premier tome Charité bien ordonnée, et si je peux me permettre un dernier conseil avant de passer à ma chronique, c’est de lire la série qui se passe à River Falls et qui est pour moi la meilleure ! Je vous ai d’ailleurs noté dans mon menu « auteurs » en tête de mon blog, la liste de ses livres par ordre de parution.
L’histoire…
Pour le bien des enfants commence par le meurtre de Lens Morgan, célèbre chirurgien, alors qu’il vient tout juste d’être décoré par la ville de Seattle pour son travail et son implication dans la vie de cette ville. Il est abattu d’une balle après s’être envoyé en l’air avec sa maîtresse, une petite starlette qui n’a d’intérêt pour lui que sa plastique parfaite… C’est l’équipe de Mike Logan qui est mise sur l’enquête. Nous avons déjà rencontré Logan à plusieurs reprises dans les précédents livres et nous commençons à bien connaître ce personnage. Il est maintenant chef de la section homicide à Seattle et n’est plus le flic de terrain que nous avions rencontré dans sa série à River Falls. L’enquête piétine, s’oriente vers un règlement de compte lié aux mœurs légères du médecin. Et puis, c’est au tour d’un épicier d’être abattu. A première vue aucun rapport entre ces deux affaires. Sauf que l’arme utilisée dans les deux meurtres se révèle être la même… Quel rapport entre un éminent chirurgien et un petit épicier de quartier ? Rapidement, les soupçons vont se porter sur Olivier, un jeune afro-américain qui ne cessera de clamer son innocence.
Comme habituellement, nous suivons une autre histoire, celle de Becky, jeune adolescente qui a été adoptée par un couple stérile américain. D’origine de Sierra Leone, elle s’est mise en quête de retrouver son frère, à l’aide de ses parents adoptifs. Comme d’habitude chez Alexis Aubenque, toutes les histoires se retrouvent liées, les différents meurtres et la quête de Becky feront converger tous les protagonistes vers des sociétés spécialisées dans les adoptions d’enfants pauvres par de riches américains en mal d’enfant.
J’ai voulu lire un livre pour me changer les idées, et Alexis Aubenque m’a en fait, fait réfléchir…
Des thèmes sociétaux sont abordés tout au long du livre, ce qui est assez rare chez cet auteur qui nous propose en majorité des livres qui nous déconnectent de notre quotidien afin de plonger dans celui des personnages qu’on a plaisir (ou pas, ah ah!) à retrouver au fil de sa bibliographie. L’auteur se mouille cette fois, c’est le premier livre que je lis d’Alexis qui m’amène à me poser des questions. Je vous entends dire « non mais moi quand je lis, j’ai pas envie de réfléchir ». Ouais je comprends, moi aussi, c’est pareil. On est assez abreuvés chaque jour de négatif à travers les médias, mais ici, subtilement, l’auteur nous amène à nous poser des questions sans que le livre ne devienne un ouvrage moralisateur ou que cela pèse sur notre lecture. Ca vient naturellement en fonction des événements qui se déroulent, et parfois lors de débats entre deux personnages qui ont des avis contradictoires. Et puis sans s’en rendre compte, on se met à réfléchir, parce que finalement on a tous un avis sur ce genre de débats : racisme, GPA, adoption, pouvoir de l’argent sur la misère humaine, instrumentalisation et marchandisation du corps de la femme…
La question du racisme au sein de la police a déjà été évoquée dans un précédent livre de l’auteur, je ne me souviens plus lequel par contre. Ici, on se demande par moment si Logan, le chef de la police, n’est pas enclin à accuser un peu trop vite le jeune Olivier car il est noir. La question raciale est assez développée, certains personnages ne sont peut être pas racistes mais ils évoquent l’entraident et la solidarité entre « race », le fait de ne pas vouloir être en couple avec un partenaire d’une autre couleur etc… D’ailleurs, en parlant de Mike Logan, j’ai été contente que l’enquête ne soit pas centrée sur lui car je le trouve assez médiocre comme chef de la police! Il tire des conclusions hâtives, ne vérifie pas vraiment toutes les pistes et je le trouve franchement très imbu de sa personne et incapable de se remettre en question.
Il est question également des possibilités qu’ont les familles stériles américaines d’opter pour différentes méthodes afin d’avoir un enfant : adoption, GPA etc. Et c’est là le cœur du livre, les failles du système. La question de l’adoption est en effet largement détaillée, et de manière complète car nous avons les différents sentiments et points de vue des personnages concernés : l’enfant adopté, ses parents, on a aussi le point de vue d’un couple stérile. Becky, l’adolescente adoptée, a été séparée de son frère au moment de l’adoption, elle a de la chance car elle est tombée dans une famille modèle américaine, aimante et complètement dévouée à elle. Ce n’est pas le cas de son frère, qui a été placé dans une famille instable, qui n’a pas eu les mêmes chances dans sa vie que sa sœur et qui, forcément, tombe à un moment dans la délinquance. Ce qui est censé être fait pour le bien des enfants n’est-il pas, au fond, qu’un simple prétexte pour se dédouaner et se donner bonne conscience ?
Le mot de la fin
J’ai eu un peu plus de mal à rentrer dans l’histoire que pour les précédents de l’auteur. Je ne sais pas si c’est parce que le sujet des enfants et des familles ne m’intéresse pas particulièrement de manière générale, mais lorsque le second meurtre a eu lieu, tout s’est décanté et j’ai pu continuer et terminer sans problème mon livre.
Comme je l’ai dit, Alexis Aubenque a le pouvoir de me faire passer à autre chose quand ça coince un peu niveau lecture. Il m’en reste deux à lire de lui avant d’avoir terminé sa bibliographie côté thrillers (car Monsieur a aussi écrit de nombreux ouvrages de SF, mais là, je passe mon tour, c’est pas ma came!), et lorsque mon stock sera à zéro, je ne sais pas comment je vais faire quand je me retrouverai en panne livresque =)
Intéressant cet ouvrage. J’ai une question cependant, faut-il nécessairement avoir lu d’autres livres de l’auteur pour comprendre le personnage récurrent ou cela n’est pas nécessaire? Merci pour la découverte en tout cas.
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