J’ai découvert la série Mako de Laurent Guillaume au printemps dernier, j’ai enchaîné les deux premiers consécutivement, Mako et Eaux Troubles, et j’attendais avec impatience la sortie de ce 3è opus en format poche. Non parce que sinon, ça n’aurait pas été assorti dans ma bibliothèque et ça m’aurait posé un réel problème 😀 Les deux premiers m’avaient très emballée et c’est avec un plaisir non dissimulé que je retrouve cet enquêteur. Il est paru chez Folio Policier en septembre 2016.
L’histoire
Delta Charlie Delta commence par la découverte d’une jeune femme battue, violée, laissée pour morte dans une caravane. L’enquête est rapidement confiée à la direction de la police judiciaire en raison de son caractère ultra violent. Il y a la mort d’Hermann, un drogué très violent et bien connu des services de police. Il est retrouvé une balle dans la tête chez ses parents, où il vit avec sa fille Angy, une adolescente taciturne et très attachée à ses grands-parents qui l’élèvent comme leur fille. Mako est persuadé que c’est le grand-père qui a tué son fils violent, ne pouvant plus supporter de vivre sous la menace de cet homme. Il décide d’enterrer l’affaire, s’étant pris de compassion pour ces deux personnes âgées maltraitées par leur propre fils, et surtout pour protéger la jeune adolescente. Quelques jours plus tard, c’est au tour des grands-parents d’être retrouvés morts, leur cadavre portant les traces de violences qui s’apparentent presque à de la torture. Dévastée, l’adolescente sera placée en foyer d’accueil où elle ne restera pas longtemps, car elle fuguera de là-bas, s’étant mise en tête de vivre avec Mako auquel elle s’est beaucoup attachée. Et puis, il y a ces meurtres en banlieue, qui s’apparentent à une série de règlements de compte dans le milieu de la drogue… Mako, qui mène l’enquête en sous-marin après avoir été mis à pied par les bœufs-carottes, est persuadé qu’il n’a pas affaire à trois affaires différentes, mais que tout est lié. Ce qu’il va découvrir avec l’aide de Marie, une collègue flic, va dépasser tout ce qu’il imaginait.
Pas de (mauvaise) surprise avec Laurent Guillaume
La construction du récit est classique pour ce type de polar, elle est rythmée par de nombreux morts, par plusieurs histoires qui n’ont a priori rien en commun, et qui pourtant vont mener à une seule grosse affaire. En soi rien de différent à ce qu’on a l’habitude de lire quand on aime les polars, mais c’est ça que j’aime : c’est une enquête de police, un vrai polar pur et dur, bien documenté (forcément Laurent Guillaume est un ancien policier !), écrite sans concession avec un jargon tel qu’on l’imagine être utilisé par les vrais flics de terrain. L’auteur nous immerge totalement dans l’enquête, il analyse de manière approfondie les rapports entre Mako et les divers protagonistes qui gravitent autour de lui, aussi bien le stagiaire aux dents longues que ses rapports avec sa collègue Marie, ou encore son lien avec « Papa », son mentor dans la police terrassé par un cancer, ou avec les malfrats qu’il poursuit.
L’écriture de l’auteur s’est affirmée au fil de ses livres, prenant plus d’assurance, devenant plus sombre et incisive, allant droit au but sans fioritures ni effets de style inutiles. Les scènes violentes ne sont pas cachées aux lecteurs, elles sont dures, et reflètent une certaine réalité que nous ne voulons pas voir, que nous préférons conserver loin de notre confort et de notre quotidien sécuritaire.
Un personnage charismatique
Mako, qui est le personnage principal de la série, est doté d’une telle « aura » qu’il est difficile pour les autres de trouver leur place dans notre cœur de lecteur. Il a une personnalité complexe, aux multiples facettes et contradictions : n’ayant aucune confiance en la justice française et en sa capacité à aider les victimes et les plus faibles, il fait de ses enquêtes des affaires personnelles où il s’implique jusqu’à dépasser le cadre légal pour rendre justice lui-même. Il est violent, aussi bien dans ses paroles que dans ses actes, il peut aller jusqu’à tuer pour protéger les plus faibles et pour éviter que la justice trop laxiste ne remette en liberté des meurtriers.
Et puis, il y a le Mako dans sa vie privé, complètement gaga de sa petite chatte India avec qui il est très doux, profondément humain et entier, lorsqu’il s’occupera d’Angy la jeune adolescente qu’il a été un peu contraint et forcé de prendre sous son aile tant elle a été immersive dans sa vie. Cette relation m’a d’ailleurs fait penser à celle que Jean Réno entretient dans le film Léon avec Nathalie Portman, il y a d’ailleurs un clin d’œil à ce sujet dans le livre.
Le mot de la fin
J’ai tendance à ne pas vraiment accrocher aux personnages de thrillers/polars qui sont soit trop parfaits, soit trop borderlines, car on tombe souvent dans le caricatural avec ce genre de personnages. Ici, c’est cette dualité que je trouve intéresse et qui rend ce personnage si attachant. Je suis, pour la 3è fois avec cet auteur, absolument conquise!
Merci pour la découverte (encore une fois!). Ce livre me tente beaucoup suite à ta chronique, ça a l’air d’être tout ce que j’aime, peut-être pas exceptionnel mais au moins très bon. Je le note 😉
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Merci pour ton message! si tu aimes les bons polars purs et durs, alors c’est fait pour toi! des bises 🙂
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